
Aujourd’hui, nous sommes rassemblé.es à Marseille, à l’appel du comité antifasciste du Camas, en réaction a l’attaque qui a eu lieu à Paris sur le groupe Young Struggle, une organisation de jeunesse internationaliste qui projetait le week dernier un film dans le cadre de leurs campagne antifasciste. Au cours de la projection, un groupe de fascistes a attaqué le lieu, aux cris de « Paris est nazi », blessant plusieures personnes dont une qui finira à l’hopital après avoir reçu des coups de couteau.
Cette agression n’est malheureusement pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans un contexte de montée inquiétante des violences perpétrées par des groupuscules d’extrême droite, galvanisés par les 10 millions de voix obtenues par le Rassemblement National lors des dernières élections législatives. On se rappelle de ce militant du GUD qui déclarait «Vivement dans trois semaines, on pourra casser du PD autant qu’on veut», lors de sa garde à vue après une agression homophobe trois semaines avant les élections législatives de 2024. Ces voix, loin d’être anodines, représentent un soutien massif à un projet politique fasciste et raciste.
On ne peut non plus ommettre le rôle des différents gouvernements récents dans ce regain de confiance de l’extrême droite, avec un cordon sanitaire inexistant, une mutliplication de lois racistes et islamophobes, un enchainement de dissolutions de groupes d’extrême droite qui n’a de but que médiatique, et et qui a seulement permis de faire tomber les barrières entre les différents groupes et de finalement les rapprocher. Aujourd’hui, l’extrême droite peut apparaitre comme respectable dans le champ politique, et comme un acteur « comme les autres » du débat public, avec un appui médiatique certain de la part de Bolloré et de son empire.La banalisation et la multiplications des discours racistes et la potentielle arrivée du RN au pouvoir ont des effets concrets. Les groupuscules se sentent pousser des ailes et multiplient les attaques comme celle sur Young Struggle, et les violences racistes dans la rue s’intensifient. Il y a quelques mois, à Gardanne près de chez nous, une femme était insultée et tabassée, son hijab arraché par deux passantes. Même scénario quelques jours plus tard à Marignane où une femme s’est vue arracher son foulard et frapper par la responsable du magasin où elle faisait ses courses. Le 31 aout 2024, c’est Djamel Bendjaballah qui sera assassiné par un islamophobe, membre actif d’un groupuscule identitaire d’Extrême-droite à Dunkerque. Les plaintes de Djamel n’ont jamais été prises aux sérieux par les autorités et sa famille est toujours en lutte pour la reconnaissance du caractère raciste de ce meurtre.
Voilà comment un racisme qui se décomplexe à tous les étages, depuis le gouvernement jusqu’aux milices de rue, a des effets dévastateurs sur la vie de bien trop de gens.
La dédiabolisation en cours de l’extrême droite, et principalement du FN/RN ne doit pas nous faire oublier l’histoire. Il y a 30 ans, la percée du FN et de ses idées agitaient la France et particulièrement notre région. Aujourd’hui, nous sommes le 21 février 2025, et il y a 30 ans, des colleurs d’affiche du Front National tuaient Ibrahim Ali.
Le 21 février 1995, dans le 15ème arrondissement, Ibrahim Ali, 17 ans était abattu par des colleurs d’affiche du Front National, en pleine campagne électorale. Il sortait d’une répet avec ses amis du groupe de hip-hop B.Vice, et allait prendre le bus quand ils croisent les colleurs. Tous étaient armés.
Nous n’oublions pas que Robert Lagier, meurtrier d’Ibrahim Ali, était un habitué de la salle de tir, où il avait amené sa petite fille de neuf ans pour qu’elle apprenne à tirer sur les « melons ».
Nous n’oublions pas qu’ils prétendront avoir été agressés par le groupe de jeunes qui couraient après leur bus, alors que Lagier dira lors d’un interrogatoire qu’il est sorti de la voiture pour pouvoir mieux viser.
Nous n’oublions pas qu’Ibrahim Ali a reçu plusieurs balles dans le dos.
Nous n’oublions pas le soutien que les tueurs ont reçu du Front National. Mégret déclarera « Lagier a été violemment agressé….c’est la faute de l’immigration massive et incontrolée…si nos colleurs n’avaient pas été armés, ils seraient probablement morts. ». Jean Marie Le Pen quand à lui déclarera « Au moins, ce malheureux incident a attiré l’attention générale sur la présence à Marseille de 50 000 Comoriens. Que font-ils là ? ». Des discours qui ne semblent pas très éloignés de ceux que l’on peut encore entendre résonner aujourd’hui. 3 ans après lors du procès, Lagier sera condamné à 15 ans de prison. Ses acolytes écoperont de 7 et 2 ans.
Nous n’oublions pas que lorsqu’un des deux complices sortira en 2002, il sera immédiatement embauché par le FN à la mairie de Vitrolles.
Nous n’oublions pas que lorsqu’en mai 2013, des associations et des élus marseillais proposent d’instaurer une « journée Ibrahim Ali » chaque 21 février, Stéphane Ravier parlera de cette initiative comme d’une « profanation ».
Nous n’oublions pas non plus que le collectif Ibrahim Ali a du lutter inlassablement pendant 26 ans, pour que la mairie accepte de renommer l’avenue des Aygalades en son souvenir.
Non nous n’oublions pas. Marseille n’oublie pas ses enfants, et aujourd’hui, pour rappeler à tous le souvenir d’Ibrahim, nous allons faire fleurir des portraits de lui dans toute la ville.
À toutes les victimes du racisme et de l’extrême droite, nous portons votre mémoire dans nos combats.
Face à la menace grandissante de l’extrême-droite, il est plus que jamais nécessaire de nous organiser, de nous unir et de riposter. Le fascisme ne recule que lorsqu’il est combattu avec détermination et solidarité. Nous sommes plus nombreux.ses qu’eux, ne l’oublions pas.
Dans la nuit, les étoiles nous guident.


Si vous voulez allez en coller, il faut les imprimer au format A3 au total il y a 25 feuilles en noir et blanc.