Militant.e.s antifascistes, nous n’avons pas à avoir honte de le dire: nous avons pris l’annonce du décès de Jean-Marie Le Pen comme une bonne nouvelle. Car le nom de Le Pen est celui, non seulement de la création du premier parti d’extrême-droite en France, ce qui reste une évidence pour le plus grand nombre, mais aussi celui de la torture en Algérie, celui de la défense acharnée du colonialisme. Or, le tortionnaire, non seulement nie sa condition d’être humain à sa victime, mais se place lui-même hors de l’humanité, en ayant recours à une pratique arbitraire et inhumaine.
Aussi, ce mardi 7 janvier, nous avons appris la mort d’un ancien paramilitaire, d’un raciste, un sexiste et un homophobe notoire, d’un représentant politique si vous voulez, mais nous n’avons pas appris la mort d’un homme.
Reste que le rôle du vieux Le Pen au sein du FN/RN était maintenant purement symbolique. S’il est mort, ses idées n’en ont pas moins imprégné la société française, son paysage politique et médiatique, et sont loin, elles, d’avoir disparues. Ne nous réjouissons pas trop vite, quand le parti qu’il a créé et présidé pendant des décennies, quand le projet qu’il a porté, sont plus que jamais une menace. Ne nous réjouissons pas trop vite, quand les extrémistes libéraux s’allient avec l’extrême-droite, quand l’illusion du « cadre républicain » s’effondre, quand le fascisme est plus que jamais à prendre au sérieux et à combattre.
Nous ne sommes pas dupes : la mort du vieux Le Pen ne change rien. Le RN de 2025, c’est le FN de 1972 ; si la stratégie a changé, la matrice idéologique reste la même, et le danger est intact. Le Rassemblement National, c’est le parti qui a réhabilité des anciens Waffen SS, c’est la justification des crimes commis par l’OAS et l’État français en France et en Algérie, c’est la négation de la Shoah, c’est le meurtre d’Ibrahim Ali.