Le 4 mai, dans plusieurs lycées à Marseille, les élèves appellent à se mobiliser contre le sexisme et l’islamophobie dans leurs établissements, suite à des actes discriminants répétés perpétrés par des professeurs et par les administrations. Au lycée Thiers, 5 AED sont en grève aujourd’hui pour soutenir cette mobilisation.
Depuis plusieurs années, le nombre d’affaires à propos de jeunes femmes musulmanes ou perçues comme telles, interdites de rentrer dans leurs établissements scolaire pour cause de « jupe trop longue » jugées « ostentatoires » ne font que se multiplier. Ce ne sont pas des faits isolés, ces atteintes à la liberté d’étudier des femmes musulmanes et à la possibilité d’accéder sereinement à l’espace public, sont le résultat de dizaines d’années de politiques sexistes, racistes et islamophobes.
En 1958 en Algérie, des cérémonies de dévoilement étaient organisées par les femmes de généraux de l’armée française, au nom de la libération de la femme musulmane et de la mission civilisatrice.
Plus tard en 1989, éclate « l’affaire du foulard » à Creil, où le lycée excluera, au nom du principe de neutralité et de laïcité scolaire, trois élèves qui refusent d’enlever leur foulard en classe,alors que celui-ci n’était pas encore interdit, entravant ainsi leur accès à l’éducation.
La loi sexiste et islamophobe du 15 mars 2004 sur le port de signes religieux dits « ostentatoires » dans les établissements scolaires marquera un tournant politique dans l’utilisation de la notion de « laîcité ». Elle sera dés lors instrumentalisée et utilisée comme une notion de » neutralité religieuse ». Pourtant faut-il rappeler que selon la loi de 1905 sur la laïcité, sont les institutions publiques qui se doivent d’être laïques et non les individus? Plus, récemment, la loi dite « séparatisme » (devenue « loi confortant le respect des principes de la République») et l’article de la loi Travail qui permet aux entreprises d’imposer des chartes de la laïcité, viseront de nouveau les personnes musulmanes, permettant notamment la dissolution du CCIF (collectif contre l’islamophobie en france) et la CRI (coordination contre le racisme et l’islamophobie), empêchant de ce fait le recensement des actes islamophobes en france, qui ne font pourtant qu’augmenter.
Tout cet historique permet qu’aujourd’hui, en 2023, on puisse encore empêcher des jeunes femmes d’accéder à leur lieu d’étude, sous prétexte que leur jupe est trop longue. Il faut en finir avec ce mythe colonial de l’homme musulman considéré comme un sauvage, qui empêcherait sa femme/fille de sortir et la voilerait de force. Ce sont ces gouvernement successifs, dont on ne compte plus les ministres accusés de viol, qui veulent cantoner les femmes musulmanes et particulièrement celles qui portent le voile à rester chez elles, entravant leur accès à l’éducation et même à la pratique de loisir comme la piscine, empêchant les mères qui portent le voile d’accompagner leurs propres enfants en sorties scolaires!
Il est temps de cesser d’instrumentaliser la notion de laïcité, supposée garantir « la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public »,à des fins sexistes, racistes et islamophobes! Personne ne devrait être discriminé sur la base de son genre, ou de sa religion. Aucune femme ne devrait se voir interdire l’accès à l’éducation, sous prétexte de jupe trop courte, qui pourait « déconcentrer les garçons » ou de jupe trop longue qui serait trop islamique et pas assez républicaine.
On ne libère pas les femmes malgré elles, surtout pas en les privant des espaces qui devraient, au lieu de les stigmatiser encore, leur permettre de faire leurs propres choix.
CONTRE LE SEXISME LE RACISME ET L’ISLAMOPHOBIE, NOUS SERONS TOUJOURS FÉMINISTES ET ANTIFASCISTES !