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Mémoire

À toutes les victimes du racisme et de l’extrême droite, nous continuons et continuerons à lutter !

Pourquoi entretenons-nous la mémoire de nos camarades ? Quel est le sens poilitique de la mémoire ? Il n’est pas évident bien sur d’y répondre.

Aux premiers abords, la question de la mémoire est comme piégée dans un tourbillon d’émotions et suscite tout un tas de réflexions parfois contradictoires. On peut craindre que la mémoire ne revête qu’un aspect politique, créant une icône dont l’image serait totalement déconnectée de la personne qu’elle est censée représenter. Au contraire, une mémoire uniquement émotionnelle peut se créer, venant totalement déconnecter l’évènement de son contexte fondamentalement politique. On peut également craindre que la mémoire revête un aspect rituel, routinier, que les hommages soient nostalgiques ou passéistes. Ces réflexions sont parfaitement légitimes, il faut s’interroger sur le sens que nous mettons dans nos moments mémoriels. Dans un monde dont le sens semble nous échapper, dans une époque de plus en plus floue, alors que le passé semble se répéter dans un clair-obscur effrayant, la mémoire est un phare permettant de nous guider, plutot que sur la bonne route d’un futur incertain, nous guider en nous prouvant que nous n’avons pas dévié du chemin. La mémoire est pourtant ce qui nous relie au réel, elle est le lien entre le corps et l’esprit, le lien entre le passé et le présent, elle inscrit le passé dans le présent. La mémoire de nos camarades n’est pas un bouquin poussiéreux dans un coin de la bibliothèque.

En nous questionnant sur notre propre engagement et en renouvelant chaque année nos convictions, la mémoire se matérialise. Elle nous met en mouvement. Elle devient une force collective qui nous pousse en avant, qui nous fait comprendre qu’aucun sacrifice ne doit être vain. Plus qu’un simple moment de communion comme un autre, la mémoire nous oblige. Elle nous met face à nos peurs les plus profondes, la mort, le deuil, mais aussi face à nos plus grands doutes. La mémoire nous oblige. Elle nous oblige dans les moments de faiblesse à ne jamais cesser de se battre. Elle nous oblige à accepter les compromis, sans jamais tomber dans la compromission. Elle nous oblige à passer au-dessus de nos griefs personnels.

Enfin, elle nous oblige à ne jamais cesser d’espèrer la victoire finale. De plus, la mémoire est vivante. Elle ne cesse d’évoluer, de se transformer, de se travailler, à travers le temps, à travers les personnes qui la font vivre, mais aussi à travers nos luttes et surtout nos victoires. Elle se façonne à travers ce mélange complexe à la fois de violence d’amour et de ressentiment car la violence qui obscurcit la mémoire de nos enfants, frères et sœurs, ami⋅e⋅s et de toutes les personnes qui le sont devenues par la force des choses a vocation à disparaître, pour ne laisser place qu’à des souvenirs apaisés et pleins d’amour. C’est pour l’avènement de cet apaisement qu’il faut continuer à faire vivre nos mémoires et surtout qu’il faut continuer à lutter.

Sans justice nous ne serons jamais en paix, sans justice nous ne vous laisserons jamais en paix.

Écrit le 5 juin 2024

IBRAHIM ALI

21 février 1995

BRAHIM BOUARRAM

1er mai 1995

CLÉMENT MÉRIC

5 juin 2013

CARLOS PALOMINO

11 novembre 2007